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Némésis : roman / Philip Roth
Livre
Edité par Gallimard - 2012
Roth traite ici des thèmes qui lui sont devenus familiers. └ nouveau, le corps, la maladie, la diminution physique, la mort. La poliomyélite, horrible maladie quÆon ne savait pas vaincre et qui tuait les enfants ou les paralysait, sévit dans le quartier italien de Newark. Nous sommes en 1944, cÆest-à-dire en pleine guerre, alors que beaucoup de jeunes hommes sont sur le front, en Europe. LÆépidémie gagne le quartier juif et la psychose se répand.Les efforts pour enrayer la maladie sont vains et les familles, affolées, en arrivent à prendre des précautions excessives, quand ce nÆest pas à rejeter lÆétranger, celui quÆon va dÆemblée soupçonner et exclure. Bucky Cantor, un professeur de gymnastique, juif lui aussi, élevé, après que sa mère est morte et que son père a été arrêté pour vol, par un grand-père rigoureux et hautement moral, est le héros de la communauté (il a repoussé à lui seul une bande de voyous italiens venus ½ répandre la polio ╗). La suite du roman retrace lÆhistoire malheureuse de cet homme scrupuleux, responsable, dÆune intelligence limitée, qui va prendre sur lui la responsabilité du mal.Si ce nÆest pas un dieu ignoble qui est lÆauteur de ces crimes û le dieu qui a tué sa mère et lui a donné pour père un voleur û alors cÆest peut-être lui, Bucky Cantor, qui portait en germe, sans le savoir, la maladie et qui lÆa répandue autour de lui. En effet, pour suivre sa fiancée, il a abandonné ses élèves malades û un abandon quÆil ne pourra se pardonner û puis découvert quÆil avait lui-même contracté la polio.DÆun endroit à lÆautre, il lÆa transmise aux enfants, ses protégés, qui meurent comme des mouches. ½ Je voulais aider les gosses et les rendre forts, au lieu de cela, je leur ai fait un mal irréparable ╗. Enfin, il tombe malade. A la fin de lÆouvrage, il nÆest plus quÆun homme bourrelé de culpabilité et de remords, qui a renoncé à tout, vit seul et pauvrement et, surtout, qui a perdu lÆusage de son corps merveilleux û avec lui, avec la perte de sa mobilité, toute confiance en soi.LÆimage finale est une sorte dÆhymne au corps, à sa force, à sa beauté quand il est jeune : le lancer de javelot tel que le pratiquait Cantor. LÆhistoire est racontée avec la force coutumière de Roth et le livre se lit dÆun trait.
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